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Les mules de Marie-Antoinette, de vrais souliers de Reine...


Ces mules étaient avant tout destinées à compléter un déshabillé ou une tenue d’intérieur auxquels elles étaient assorties. Légères, elles comportent une semelle en cuir et des talons en bois d’environ 3 cm de haut. Le raffinement de ces souliers est le choix de l’étoffe, une soie verte brodée de fils d’argent, et les rubans plissés qui ornent le décolleté de la chaussure à bout pointu selon la mode de l’époque. C'est une pointure 36 ½, celle de la reine Marie-Antoinette.






Mules vendues aux enchères en 2012. © Droits réservés.





Marie-Antoinette était "fan" de mode, ses nombreux portraits le prouvent, avec ses vêtements et ses perruques à faire pâlir les influenceuses du XXIe siècle.

Il va lui être reproché longtemps ce souci de plaire qui correspond plus à une favorite qu’à une souveraine.


À la mort de Marie Leszczyńska épouse de Louis XV, la Maison de la reine est attribué à la jeune Dauphine, une maison gérée par une dame d’atours habituée depuis plus de 30 ans aux confections d’amples robes « à la française » avec paniers et corset.

Mais c'est la rencontre de la jeune souveraine avec Mlle Bertin, dont le magasin de mode « Au grand Mogol » rue du faubourg Saint-Honoré, connaît déjà un grand succès, qui va être déterminante pour l'histoire de la mode. La reine va nommer Mlle Bertin « ministre des modes », donnant la tendance à la cour mais aussi dans toute l'Europe. Dans les dépenses de la Maison de la reine, la ligne la plus chargée est celle de la modiste qui reçoit des multitudes de commandes de toutes les femmes de la cour pour ressembler à la Reine.


Peu à peu la mode évolue vers la surenchère décorative (noeuds, coques, falbalas, rubans, bouquets de fleurs et fruits, bouillon de gaze) et coiffures extravagantes. Le vocabulaire, lui-même, change, non sans un certain snobisme, et les toilettes prennent de curieuses nominations : « caca Dauphin », « ventre de puce », « boue de Paris », « cheveux de la reine » (blond-noisette), « gueux nouvellement arrivé » etc. Les souliers, rubans, plumes, gants, et autres accessoires suivent ces tendances.


Vers 1780, après l’accouchement de la reine, la mode des tissus en mousseline de coton blanc s'orientent plus vers la simplicité. À ce. moment elle décide de sortir du carcan de l’étiquette et à se libérer de la tenue de cour, Marie-Antoinette semble séduite par les idéaux des Lumières, notamment de Rousseau, prônant un retour à la nature.


Mais son portrait, réalisé par Mme Vigée Le Brun, en tenue légère dite « en gaulle » ou « chemise à la reine » fait scandale. L’idéal de simplicité vestimentaire de la souveraine est perçu comme indécent. Quant à Rose Bertin, de « faiseuse de modes », elle est dénoncée par les pamphlets à l’approche de la Révolution comme un «faiseur de luxe corrompu et corrupteur ». Il est vrai que Marie-Antoinette, possédait 500 paires de chaussures, sans compter les chaussons et ne respectait pas le budget annuel de 120 000 livres pour son habillement.


Aujourd'hui elle serait considérée comme une acheteuse compulsive ou une fashion addict !







Rose Bertin. © Droits réservés.










Les souliers au XVIIIème siècle


Les XVIIème et le XVIIIème siècle voient le triomphe du talon de la chaussure masculine et féminine. Sous Louis XVI, le talon diminue, ne mesurant plus que 3 à 5 cm et la courbure s’adoucie tandis que les boucles en argent disparaissent doucement. Ruches, coques, rosettes, falbalas ornent les chaussures qui se portent avec des bas de soie brodés, bien souvent blancs.

Le soulier « à la chinoise », est à la mode en 1785, il possède une pointe relevée et effilée. Les mules à talons sont parfois appelés sabots et on les retrouve bien souvent dans les peintures ou sculptures de ce siècle. Jusqu’à la fin de l’Ancien régime, la confection des chaussures est assurée par les cordonniers, tandis que les savetiers ont pour fonction de les réparer.


Outre, les évolutions de la mode, les chaussures traduisent aussi les changements politiques. Sous la Révolution, les femmes adoptent les chaussures plates et pointues en opposition à la monarchie et arborent les souliers « à la Jeannette », imités des sabots des paysannes mais agrémentés de tissu broché et souvent garnis de rubans, tient, tient... Ne serait-ce pas un petit clin d'oeil tout de même à la Reine.


Les nobles émigrés vont d’ailleurs rejeter robes droites et souliers plats. Il faut attendre le Second Empire pour que les chaussures à talons réapparaissent, prémisse au retour de la "monarchie".


Les chaussures et la légende de Marie-Antoinette

Peu de reines ont fasciné autant que Marie-Antoinette avec autant d’ambivalence, forgeant une légende noire, celle d’une reine dépensière surnommée « Madame Déficit », en même temps que celle d’une martyre à la fin tragique.


On recense en France, et ailleurs, une quantité assez impressionnante de souliers et chaussons ayant appartenu à Marie-Antoinette. Certaines sont exposées dans des musées nationaux, d'autres, sont gardées dans des collections privées. À l’instar de Cendrillon, Marie-Antoinette qui a perdu son soulier, la légende dit qu’elle aurait perdu celui-ci en montant à l’échafaud, récupérée par un fidèle et conservé actuellement au musée des Beaux-arts de Caen.


Ces chaussures, qui ont traversé les siècles, sont aujourd’hui des oeuvres exposées dans les musées du monde entier, objets mythiques, fantasmatiques, reliques de l’Ancien Régime et du destin tragique associé à une reine. En contemplant cet objet du quotidien, nous entrevoyons peut-être une infime part d’intimité et d’humanité que le temps a enveloppé de mystère.

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